Cet article a été rédigé par Angélique, à l’issue de son volontariat en service civique de 6 mois auprès de personnes exilées et/ou en précarité que Benenova Paris accompagne dans le cadre de ses programmes de bénévolat inclusif.

Le terme de citoyenneté, provenant du mot latin Civitas pour “la Cité”, revêt aujourd’hui un sens complexe qui varie en fonction de l’histoire et du contexte socioculturel de chaque pays. En France, d’un point de vue juridique, la citoyenneté découle traditionnellement de la nationalité. En ce sens, les personnes exilées en seraient normalement exclues.

Néanmoins, « la citoyenneté […] se définit aussi comme une participation à la vie de la cité ». Ainsi « adhérer à une association, un syndicat ou un parti politique » est un moyen d’exercer sa citoyenneté. On peut donc opérer une distinction entre la citoyenneté formelle, institutionnelle, qui s’illustre notamment avec le droit de vote par exemple, et la citoyenneté informelle, qui concerne les personnes intégrées à la vie de la Cité.

Dans le cadre de son programme de bénévolat inclusif, Benenova Paris a accompagné près de 120 bénévoles en situation de précarité et/ou d’exil en 2024. Ces bénévoles ont réalisé plus de 4 000 heures de bénévolat, ce qui représente environ 15% des mobilisations de l’année en Île-de-France, tous bénévoles confondus.

Au vu de cette participation, essentielle à la vie associative parisienne, nous considérons l’ensemble des bénévoles du programme de bénévolat inclusif comme des citoyen.ne.s, pleinement engagé.e.s !

Le bénévolat pour développer sa citoyenneté

Il est important de noter que l’exil et la précarité qui y est souvent associée n’est pas seulement une situation économique : elle est aussi sociale. Les personnes précaires ont un capital social moindre, cela veut dire qu’elles ont un réseau de relations plus faiblement développé. Ce capital est source d’inégalités dans la société, car avoir un réseau facilite l’accès à l’emploi, permet d’être en meilleure santé ou d’avoir accès à plus d’informations. Pour Benenova Paris, proposer des missions collectives, c’est donner la possibilité de  rencontrer de nouvelles personnes, et donc un moyen de lutter contre cette précarité sociale, comme en témoignent nos bénévoles  :

« Le bénévolat a boosté mon état de santé. Quand je sors et que je suis avec les autres, j’oublie les soucis et la maladie. Le bénévolat travaille mon esprit et ma santé : je deviens forte. Benenova (Paris) m’a lancée. Maintenant je peux mettre ce que je connais à la disposition des autres. »

Suzanne, 63 ans

« Ça m’apporte beaucoup : j’aide les gens et je m’aide moi-même, je rencontre de nouvelles personnes et j’apprends des choses. Avec le bénévolat j’ai appris à travailler en groupe, avant je faisais ça toute seule. J’ai rencontré des gens passionnés, qui donnent gratuitement. »

Anicha, 31 ans

En effet, après 4 à 6 mois d’accompagnement, nous proposons à tou.te.s les bénévoles accompagné.e.s de répondre à un questionnaire d’évaluation. En 2023, la moitié d’entre elleux n’avaient jamais fait de bénévolat avant de rencontrer Benenova Paris. Ce questionnaire interrogeait aussi les potentiels effets ressentis du bénévolat sur leur vie et leur bien-être. Les personnes qui y ont répondu notent que le bénévolat leur a permis :

  • de développer un sentiment d’utilité 
  • de développer des compétences et savoir-être (ponctualité, respect, écoute, travail en groupe…)
  • de rencontrer de nouvelles personnes et prendre confiance en eux.

Renforcer les liens sociaux, c’est promouvoir l’intégration. En répondant à des besoins essentiels, nos missions participent à la cohésion et à l’apaisement social. Elles favorisent aussi l’émancipation des bénévoles que nous accompagnons..

L’engagement citoyen au service de l’intégration

De plus en plus, les personnes exilées doivent apporter des preuves de leur engagement civique et de leur intégration, pour avancer dans leurs démarches de régularisation. Pour les accompagner dans ce parcours et valoriser leur engagement au sein de la société française, Benenova Paris a créé, en partenariat avec le Samusocial de Paris, un « Parcours citoyen ».

D’une durée de 6 semaines, cet itinéraire s’articule autour de visites de lieux historiques et culturels (le Panthéon, la Bibliothèque Nationale de France, le Musée de l’histoire de l’immigration…), d’ateliers civiques et d’une réflexion sur la citoyenneté dans l’art. Le bénévolat a toute sa place dans ce parcours : Benenova Paris accompagne les participant.e.s dans cette pratique citoyenne. Plusieurs d’entre elles et eux sont d’ailleurs devenu.e.s des bénévoles régulier.ère.s et réalisent une à plusieurs missions par mois.

Les attestations délivrées à l’issue du Parcours citoyen viennent appuyer les démarches administratives, comme en témoigne Arlette :

« Quand j’ai montré mes attestations de bénévolat on m’a dit « Mais tu es déjà intégrée en France ! » Benenova (Paris) m’a donné le goût du bénévolat. Le bénévolat m’a appris la ponctualité, le travail en groupe, le respect. Ça m’a donné confiance, je suis capable de faire beaucoup de choses (…) je suis au top ! »

Arlette, 40 ans

Ce cas est cependant à nuancer. Ces preuves de citoyenneté informelle ne conditionnent pas l’ouverture de droits sociaux. Les travailleur.euses sociaux.ales invitent les personnes exilées à pratiquer le bénévolat pour soutenir leurs démarches administratives mais aussi pour favoriser leur intégration sociale. Ce geste leur permet d’élargir leur réseau, de renforcer leur confiance en elles, de mettre à profit des compétences qu’elles n’utilisent plus, ou encore d’en développer de nouvelles. Le bénévolat devient ainsi un moyen de vivre une expérience valorisante et de participer activement à la vie locale.